La Réserve Naturelle de la Motte du Brabant
Trésor naturel du bassin de la Senne
Les trésors naturels du bassin de la Senne ; une série de rencontres et de reportages au travers desquels nous vous présentons, chaque trimestre, un lieu emblématique du maillage bleu de notre bassin hydrologique.
Pour ce numéro, nous avons eu le plaisir de rencontrer Pascal Noël, conservateur de la Réserve Naturelle de la Motte du Brabant à Quenast (commune de Rebecq).
Sensible à la protection de nature, Pascal est impliqué bénévolement dans de nombreux projets de suivi de la faune et de la flore, ainsi que de gestion de réserves naturelles. Membre historique de la régionale de Natagora Haute Senne, il en est aujourd’hui le président et est plus que jamais passionné par tout ce qui touche de près à la préservation de nos espaces naturels.
Bonjour Pascal. Pouvez-vous nous raconter l’histoire de ce lieu et pourquoi avoir choisi de le protéger avec Natagora ?
La Motte du Brabant se trouve sur une zone où ont été entreposées les terres issues du décapage de la carrière de Quenast à Rebecq. Ces terres ont été retirées pour accéder au gisement de porphyre, une roche volcanique extrêmement dure présente dans le sous-sol. Avec le temps, à l’image des terrils de charbonnage, ces amas de terres se sont transformés en collines boisées.
À la fin de 2024, une convention a été conclue entre Heidelberg Materials, le gestionnaire de la carrière et Natagora qui assure désormais la gestion en réserve naturelle de cet espace de 10 ha au lieu-dit la Motte du Brabant.
C’était une belle opportunité de restaurer et de pérenniser un habitat particulier de pelouses pâturées et de favoriser des espèces rares ou menacées. Je rappelle qu’en Wallonie, l’on estime que 30 à 40 % des espèces de plantes supérieures et des papillons de jour dépendent maintenant des réserves naturelles et que certaines espèces ne subsistent plus que dans celles-ci.
Comment ce site s’inscrit-il dans le maillage vert et bleu du territoire ?
Un vaste projet de valorisation de la biodiversité dans les carrières, le LIFE in Quarries, a été mis en place de 2015 à 2021 en collaboration avec Natagora. Cette initiative, soutenue par l’Europe et la Wallonie, a notamment permis la restauration de milieux ouverts dans les carrières avec l’objectif de concilier l’exploitation des carrières avec la préservation de la biodiversité.
Les aménagements réalisés dans ces sites ont permis de créer des habitats favorables à des espèces rares et protégées, tels l’Hirondelle de rivage, le Lézard des souches, le Lézard des murailles, ainsi que des amphibiens comme le Crapaud accoucheur et le Crapaud calamite ou d’algues caractéristiques de milieux pauvres, telles les characées.
Au niveau local, la Motte du Brabant fait partie d’un maillage écologique de sites protégés comprenant notamment la réserve naturelle Natagora du Val de Coeurcq à Tubize, le Grand Bois Commun et le bois de la Houssière à Braine-le-Comte et leurs réserves naturelles.
Quelle est votre politique de gestion et de suivi de la réserve ?
Lors du projet LIFE in Quarries, des travaux ont été réalisés à la Carrière de Quenast ainsi qu’au sommet de la Motte du Brabant, caractérisé par une surface relativement plate. Un plan de gestion a été élaboré par Julien Taymans, Coordinateur territorial du Brabant wallon-Hainaut chez Natagora pour les projets de conservation de la nature. Suite à l’établissement du cahier des charges, une entreprise spécialisée est intervenue pour débroussailler le sommet de la Motte du Brabant et éliminer la majorité des Robiniers faux-acacia, une espèce exotique envahissante.
Dans le cadre de ces aménagements, plusieurs mares ont été creusées afin de favoriser un habitat propice à diverses espèces d’amphibiens et de libellules.
Par ailleurs, les dix hectares du site ont été segmentés en trois parcelles. Chaque année, environ une centaine de moutons de races rustiques y paissent. Un système de pâturage extensif est mis en œuvre, impliquant un déplacement régulier des troupeaux d’une parcelle à l’autre.
Il est à noter que ces vastes surfaces reposent sur des sols pauvres en nutriments. Aucune utilisation d’engrais ou de pesticides n’est pratiquée, ce qui contribue à préserver la biodiversité locale.
Quels sont les grands objectifs pour le futur de la réserve ?
La Motte du Brabant a bénéficié d’un ambitieux programme de restauration des milieux ouverts dans le cadre du projet LIFE in Quarries. Ce projet visait à raviver et préserver des habitats variés tels que des pelouses maigres, des talus sableux, ainsi que des mares pionnières et permanentes.
Aujourd’hui, l’objectif est de continuer la gestion restauratoire de ces écosystèmes précieux où se retrouvent plusieurs espèces remarquables : des tritons, diverses espèces de libellules, ainsi que des plantes rares comme l’orchis de Fuchs.
Le Crapaud calamite y a déjà été observé occasionnellement, et l’on peut espérer une population plus conséquente à l’avenir. De plus, des mares ont été spécifiquement aménagées dans l’espoir d’y accueillir le Triton crêté.
Prochainement, la réserve naturelle connaîtra une expansion significative grâce à l’acquisition, en 2025, par Natagora du terrain contigu. Ce terrain était à l’origine destiné à accueillir un projet de piscine intercommunale regroupant les communes de Tubize, Rebecq, Ittre et Braine-le-Château au sein de l’ASBL « Sportissimo ». Malheureusement, ce projet a échoué et le site est resté à l’abandon depuis 2012.
Cette nouvelle acquisition de trois hectares par Natagora représente une opportunité précieuse pour renforcer la biodiversité locale. Ce geste s’inscrit dans la volonté continue de préserver et de valoriser la faune et la flore de la région.
Une anecdote ou une/des observation(s) particulière(s) à partager ?
Le Robinier faux-acacia, une espèce envahissante, représente une menace sérieuse pour l’écosystème. Sa capacité à rejeter facilement nécessite des interventions régulières plusieurs fois par an avec la participation de bénévoles qui encadrent des équipes de sociétés dans le cadre d’activités de teambuilding.
Il est amusant de constater que l’intensité et l’énergie déployées peuvent être fort différentes d’une équipe à l’autre.
Que t’inspire ce lieu et à quoi penses-tu quand tu t’y balades ?
Il est très agréable de se retrouver sur la Motte du Brabant. On peut y observer la nature dans un silence absolu, découvrir une faune et une flore particulières, et le temps semble s’arrêter.
Les conservateurs de la réserve ont-ils un message à faire passer ?
Des gestions sont régulièrement organisées avec des sociétés dans le cadre de teambuildings, mais elles peuvent l’être aussi pour des bénévoles intéressés. Ceux-ci peuvent se tenir informés en consultant le site internet de la régionale Natagora Haute Senne : www.hautesenne.natagora.be
Fiche d’identité :
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Pour aller plus loin :
- TV COM : À Rebecq, la piscine publique laisse place à une réserve naturelle
- RTBF Actus : Rebecq : une réserve naturelle à la place de la piscine