La truite fario dans le sous-bassin de la Senne

La truite fario dans le sous-bassin de la Senne

Dans le cadre de la préservation de la biodiversité des cours d’eau, une introduction de truitelles (jeunes truites farios) a eu lieu cette année durant le mois de février dans le bassin de la Senne. Le but de cette démarche était d’enrichir certains cours d’eau en espèces piscicoles. Préalablement à cette introduction, les lieux de relâche ont été sélectionnés en fonction de différentes caractéristiques environnementales, ceci afin de s’assurer que les cours d’eau soient propices à la survie de la truite fario.   

Quelles sont les caractéristiques environnementales d’un cours d’eau nécessaires à la réintroduction de la Truite fario ?

Tout d’abord, la truite fario préfère des rivières à eaux vives, douces, fraîches (maximum entre 20-22°C) et riches en oxygène (O2 > 5 mg/L).

Par ailleurs, l’artificialisation des cours d’eau dégrade les zones de frayères et d’habitats. C’est pourquoi, nous avons choisi des cours d’eau avec une forte pente, une largeur relativement réduite, un courant continu, des barrages naturels, un profil en escalier et un fond en gravier moyennement grossier, nécessaire pour la reproduction ou pour pouvoir s’y cacher.

Enfin, le cours d’eau doit être dégagé des obstacles qui pourraient gêner les truites adultes qui remonteront éventuellement le cours d’eau dans quelques années pour se reproduire là où elles sont nées. Le CR Senne a donc participé à enlever les grosses entraves comme des troncs d’arbres et à la création d’aménagements tels que les échelles à poissons.

Avons-nous déjà empoissonné le bassin de la Senne ?

Une première expérience de réintroduction de la truite fario dans le bassin de la Senne a été effectuée en 2023 à l’aide du système « Alevibox ». Il s’agit d’une boîte en plastique, percée de trous, que l’on place sur le fond plat du lit du cours d’eau et qui permet aux œufs de salmonidés d’éclore et aux alevins de se développer à l’abri des prédateurs. La boite est bloquée par des grosses pierres et deux piquets et elle est attachée par une corde à un arbre afin qu’elle ne soit pas emportée par le courant lorsque l’eau monte.

En 2023, nous avions reçu des œufs de truite fario du service de la pêche (DNF). Ceux-ci sont de couleur rouge-orange et mesurent 4 à 5 mm de diamètre. Avant de les placer dans l’Alevibox, il faut qu’ils soient acclimatés à la température et au pH de la rivière. La procédure que nous avions alors choisie était la suivante : pulvériser et arroser les œufs avec l’eau de la rivière avant de les placer dans la boîte.

Les œufs terminent leur incubation dans la boîte. Lorsque l’embryon éclot, l’œuf reste sous son ventre. Celui-ci se nomme alors la vésicule vitelline. Elle sert de réserve alimentaire pour l’alevin durant quelques jours en permettant au jeune poisson de grandir et de se développer sans devoir chercher à se nourrir. Lorsque la vésicule s’est résorbée, la bouche apparaît et la jeune truite commence à se nourrir par elle-même. L’alevin s’appelle désormais une truitelle.  Après 5 à 6 semaines, une fois la résorption de la vésicule terminée, les truitelles sont prêtes à être relâchées. C’est à cette étape que nous avons ouvert l’Alevibox pour qu’elles puissent coloniser le cours d’eau.

Pendant les 5 à 6 semaines de développement, le système d’Alevibox nécessite une visite régulière. Environ toutes les deux semaines, il faut secouer la boîte pour éviter la sédimentation des trous, ce qui compromet la survie des embryons en manque d’oxygène et de courant d’eau continu. C’est pourquoi cette année, nous avons décidé de changer de stratégie.

Comment avons-nous empoissonné cette année les cours d’eau sélectionnés ?

Nous avons sélectionné cette année trois cours d’eau dans le bassin de la Senne propices à la préservation de l’espèce et y avons introduit des truitelles en amont. Pour des raisons évidentes de protection de l’espèce, nous ne pouvons communiquer les cours d’eau concernés.

Nous avons reçu 9000 truitelles de la pisciculture wallonne d’Achouffe, arrivées dans des sacs en plastique oxygénés et remplis d’eau. Cette pisciculture est spécialisée dans la production de truites fario et de brochets.

Pour libérer les truitelles dans une rivière, nous devons les acclimater à la température de celle-ci : nous avons placé le sac en plastique les contenant dans une bassine remplie d’eau du cours d’eau et avons attendu cinq minutes pour que la température de l’eau du sac se rapproche de celle de la rivière. Ensuite, à l’aide d’une épuisette, nous avons libéré les truitelles dans la rivière. Nous avons observé qu’elles essayaient de trouver directement un abri afin de ne pas être emportées par le courant.

Cette nouvelle méthode d’introduction de truitelles ne nous demande aucun suivi. Nous enlevons toujours régulièrement les entraves durant l’hiver mais cela devait aussi se faire précédemment.

Quand et comment vérifions-nous si l’empoissonnement est un succès ?

Cet empoissonnement est un test qui permettra d’examiner si les milieux choisis ont une qualité suffisante pour le repeuplement de cette espèce très sensible aux substances physico-chimiques, faisant d’elle une excellente bioindicatrice. L’année prochaine, nous collaborerons avec le Département de la Nature et des Forêts (DNF) du Service Public de Wallonie pour réaliser une pêche électrique aux lieux de relâche de cette année et ainsi vérifier si l’empoissonnement est un succès. La pêche électrique consiste à générer un courant ciblé à une petite zone de la rivière, afin d’étourdir les poissons aux alentours de l’anode, et de les capturer facilement au moyen d’une épuisette. Sur la berge, le DNF pourra dès lors mesurer, peser et identifier chaque individu, mais aussi caractériser les populations des autres espèces de poissons présentes dans le cours d’eau (selon les critères de l’âge, du sexe, d’éventuelles pathologies, etc.). Après cet échantillonnage, l’intégralité des poissons regagneront en pleine forme leur milieu naturel.

REFERENCES

 

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